Si le 20 avril m’était conté
La Kabylie s’apprête à commémorer le double événement du 20 avril 1980 et 2001. Désormais, même si la première date est historique, elle n’a de sens aujourd’hui, que si elle est accompagné de la seconde.
Avril 1980, une date qui est une véritable rupture avec le Pouvoir qui a étranglé la Kabylie, il signe la naissance d’un mouvement (qui sera plus tard le MCB) conduit par une élite dont on retrouvera à sa tête Sadi, Mehenni, Bacha… et bien d’autres. Il deviendra plus tard l’expression d’un peuple qui réclame haut et fort son amazighité, sa dignité, et un seul mot, la démocratie.
Avril 2001 qui est un événement plus sanglant puisque plus d’une centaine de martyre en sont tombés, ne se confinera pas comme le premier en une seule région (Tizi Ouzou), il prendra comme point de départ Amizour à Béjaïa pour rassembler toute la Kabylie.
Il y eut, certes, auparavant vers le 16 avril, une descente musclée des gendarmes contre les commerçants de la localité, et que l’union de ces derniers à travers une manifestation en dénoncera la provocation.
Mais, l’allumage du mèche du mouvement partira dès lors où le jeune Guermah Massinissa, un étudiant est tué dans une brigade de gendarmerie. A parti de ce moment les martyres du mouvement sont comptés en grand nombre à El Kseur, Azazga, Maâtkas, Ouadhias…
La Kabylie est plongée dans un cycle infernal qui fera oublier aux restes de l’Algérie qu’elle aura résisté au terroriste et été des années durant un véritable havre de paix. Un havre devenu un «champ de bataille» où des années durant des jeunes livreront une bataille acharnée aux gendarmes, CRS, policiers et saccageront tout ce qui symbolise l’Etat et ses démembrements. La naissance «des Archs» n’est pas une fatalité, c’est au contraire un véritable acte citoyen, pour mettre fin à une situation d’anarchie qui allait crescendo et devait indéniablement devant l’absence de l’Etat et des forces de l’ordre, sur le banditisme, le raquette et la hogra.
Les Archs ont supplée à l’Etat, ils ont pu à l’issu des diverses marches de l’époque qui se transformaient en émeutes, puis en casses et vols, pu récupérer et restitué à leurs propriétaires tous les objets volés.
Ces Archs qui se sont imposés par la suite à travers leurs conclaves en une force politique avec laquelle le pouvoir devait négocier une plate-forme qui naîtra à El Kseur et qui comporte 16 points, qui aboutira comme nous le savons désormais à l’officialisation de la langue amazighe et bien d’autres points tels que le non retour des gendarmes en Kabylie… Aujourd’hui, même si une frange des Archs postule aux législatives (!?) le 20 avril garde toute sa symbolique pour une population qui cherche à voire plus loin que la stèle de son village.