Les groupes de recherche collaboratifs de Hanovre et de Ulm, en Allemagne, expliquent que ces fragments naturellement présents de phosphatase acide prostatique (PAP) isolés du sperme humain forment de minuscules fibres appelées fibrilles amyloïdes. Ces fibrilles capturent les particules du VIH et les aident à pénétrer dans les cellules cibles, multipliant à divers degrés les taux d'infection.
« Nous ne nous attendions pas à trouver un agent amplificateur, et nous avons été encore plus surpris par sa puissance, » a déclaré Frank Kirchhoff de la University Clinic de Ulm, observant qu’ils recherchaient initialement dans le sperme des facteurs pouvant contribuer à bloquer l'infection par le VIH. « La plupart des agents amplificateurs produisent un effet double ou triple, mais celui-ci parvenait à multiplier cet effet par 50 et, dans certains cas, par plus de 100 000. Tout d’abord, je n’y ai pas cru, mais nous avons poursuivi l’expérience encore et encore, et avons obtenu sans cesse le même résultat. »
« Les fibrilles agissent comme un ferry,” explique Wolf-Georg Forssmann de VIRO PharmaCeuticals GmbH & Co. KG et de la Faculté de Médecine de Hanovre. « Elles conduisent les virus jusqu’à la cellule. »
Le VIH-1, agent à l’origine du SIDA, a infecté près de 60 millions de personnes et causé la mort de 20 millions d’autres, indiquent les chercheurs. Plus de 90% de ces infections par le VIH-1 sont contractées par voie sexuelle. Dans l’ensemble, la plupart des infections résultent d’une exposition génitale au sperme d’hommes séropositifs au VIH. C’est ce qu’ont révélé de précédentes études. Les femmes infectées par le VIH-1 par voie vaginale représentent près de 60% des nouveaux cas en Afrique. Néanmoins, les facteurs qui influencent le caractère infectieux du VIH dans le sperme sont encore mal compris.
Pour identifier les agents naturels susceptibles de jouer un rôle dans la transmission par voie sexuelle du VIH/SIDA dans la nouvelle étude, les chercheurs ont passé au crible une banque complexe de peptides/protéines issues du liquide séminal humain en quête de nouveaux inhibiteurs et/ou amplificateurs de l’infection VIH.
Cette étude en profondeur a révélé que les fragments de PAP étaient un amplificateur potentiel de l’infection VIH. Puis, les chercheurs ont vérifié que les fragments de PAP synthétiques amplifiaient également le VIH, confirmant qu'il s'agissait bien de l'ingrédient actif. Il est intéressant de noter qu’ils ont observé que les fragments individuels de PAP sont inactifs mais forment efficacement les fibrilles amyloïdes, qu’ils désignent sous le nom d'Amplificateurs séminaux humains d'Infection Virale ou SEVI, qui amplifient l’infection par le VIH-1 en capturant les virions et en favorisant leur interaction physique et leur fusion avec les cellules cibles.
L’activité amplificatrice des SEVI est davantage prononcée lorsque les taux de virus infectieux sont bas, ce qui ressemble aux conditions de la transmission du VIH-1 par voie sexuelle, ont-ils précisé. Les concentrations physiologiques de SEVI amplifient l’infection par le VIH des cellules immunitaires dites cellules en T et macrophages, vraisemblablement les types de cellules ciblées en priorité par le VIH-1. Les SEVI réduisent les quantités de virus requises pour infecter les tissus prélevés sur des amygdales humaines et amplifient considérablement l’infection virale des rats transgéniques dotés de récepteurs humains de l’infection par le VIH-1.
Les chercheurs indiquent qu’ils continueront à explorer le rôle des SEVI dans la transmission du VIH. Même si les peptides qui s’agglutinent dans les fibrilles sont toujours présentes en grande quantité dans le sperme, on ne sait pas encore si les quantités absolues varient d’un homme à un autre. « Nous envisageons également d’étudier plus profondément la façon exacte dont les fibrilles permettent au virus de pénétrer dans les cellules et de rechercher les composés, à l'aide de notre technologie, qui peuvent bloquer le processus, » ajoute Forssmann.
Si l'on parvient à trouver ces inhibiteurs, nous pourrons les ajouter aux gels microbicides en cours d'élaboration pour la prévention du VIH, précise Kirchhoff. D’autres moyens peuvent exister de tirer avantage des fibrilles. « L’extrême puissance des SEVI dans la favorisation de l’infection virale ainsi que leur très faible toxicité indiquent qu’ils peuvent non seulement jouer un rôle important dans la transmission du VIH par voie sexuelle, mais également contribuer à améliorer les approches de vaccination et d’introduction de gènes par des vecteurs lentiviraux, » expliquent les chercheurs.
source : Article écrit le 2007-12-28 par Cell Press -
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