Lorsque ma fille était bébé il y’a douze ans, j'ai cherché en vain un conte sur l'histoire du couscous alors je lui ai inventé une qu'elle et son frère croient toujours vraie :
Il y’a très longtemps dans le village de nos ancêtres au pied du grand Djurdura vivait Djida avec son mari Akli et son petit Ameziane, leurs repas étaient à base de légumes, d’herbes, d’olives, de figues, d’huile d'olive, de lait de chèvre ou de brebis, miem, et du pain à base d'orge ou de blé moulu dans une meule de pierre.
Un jour le petit Ameziane tomba gravement malade, il ne pouvait rien manger, il maigrissait à vue d'oeil et malgré tout les efforts de sa mère il ne mangeait rien ! Djida n'arrêtait pas de pleurer devant son petit corps frêle allongé sur une peau de mouton et ne le quittait pas des yeux jour et nuit de peur qu'il ne meure pendant son absence.
Un jour alors qu’il était au plus mal elle amena un peu de semoule de blé pour faire du pain et le mit dans une saafa pour le pétrir elle entama un refrain triste pour exulter sa douleur et son désespoir tout en gardant un œil sur Ameziane. Ses larmes coulaient a flots et ses mains tournaient dan la saafa dans un mouvement de va et vient fébrile, elle avait oublié de mettre de l'eau et son mouvement laissait entendre une douce musique kess, kess, kess, kess...
Un long moment passa et Amezizne lui demanda faiblement qu'est-ce qui fait kess, kess ?
Elle regarda stupéfaite la saafa et vit de minuscules petits grains bien ronds au fond.
Elle lui montra les grains et les yeux d'Ameziane s'illuminèrent ya, je veux en manger !
Abasourdie, elle lui dit qu'elles n'étaient pas cuites que ce n'était pas un plat à manger mais le triste résultat de sa distraction et de sa fatigue.
ya ,je veux manger kess kess !
Elle n'allait pas lui refuser pour une fois qu'il demande à manger depuis des jours, mais ils n'étaient pas cuits tout de même alors elle eut l'idée de les mettre dans un panier raphia au dessus de la marmite de guernina qui cuisait à côté et les grains gonflèrent elle en prit dans une assiette et ajouta de l'huile d'olive et la tendit au petit.
Tu es sur que tu veux manger ça et pas autre chose ?!
Oui je veux manger du kess kess !
Avec sa petite main il prit une petite quantité et la mit dans sa bouche il mâcha un peu et avala en disant c'est très bon ya !
Il termina l'assiette et en demanda encore !
Djida n'en croyait pas ses yeux…
Elle fit un grand youyou et les voisins accoururent la croyant devenu folle et le petit mort.
Ils le trouvèrent paisiblement endormi et sa mère bouche bée !
Elle leur raconta et ils pensèrent que c'était là un repas béni et ils demandèrent tous à en goûter et à savoir comment le préparer !?
Djida expliquait tout en préparant une seconde quantité pour le cas ou Ameziane se réveillerait et en demanderait. Effectivement dès qu'il ouvrit les yeux il lui dit :
ya, reste-t-il du kess kess ?
Bien sûr a mmi il y’aura toujours du kess kess pour toi.
Je ne veux plus manger autre chose.
Entendu mais tu ne voudrais pas un peu de sauce avec pour changer ?
Oui un peu.
De jour en jour Ameziane récupérait et devenait le petit garçon joyeux et alerte qu'il était.
Ses parents étaient aux anges et Djida avait découvert au fil des jours d'autres façons d'accompagner son kess kess du lait, du lait caillé, du beurre, du qadid, de la sauce à la viande de chèvre ou de mouton…
D'ailleurs lorsque Ameziane fut guéri ses parents organisèrent un repas pour les gens du village qui les ont soutenu dans leur épreuve. Akli avait égorge un mouton et Djida avait préparé un couscous. Le repas était si délicieux que le village en fit son plat favori et de circonstances !
Et c'est ainsi que la tradition veut que nous aussi aujourd'hui nos le considérons comme notre plat favori et de toutes nos occasions !
Qu'en pensez vous chers lecteurs ????????